Paris by night city tour
30 et 36 km / 245 et 337 m D+
Urbain en Ile de France
par ODOS

Dès l’heure du dîner, le trafic automobile commence à décroître. La ville prend un nouveau visage. Sous les lumières électriques, tout s’anime ou semble au contraire s’endormir. Et qu’importe si le temps est nuageux : la nuit, tant qu’il ne pleut pas, il fait toujours beau ! C’est le moment idéal pour rouler… On glisse d’un quartier à l’autre, libre comme l’air. Les ambiances se succèdent sans se ressembler. À vous de trouver celle qui vous convient et de faire une pause où bon vous semblera…
Un tour de Paris pour découvrir la ville ou pour lui dire adieux. Une promenade extraordinaire dans celle qui fut la capitale de la modernité.
Montagne Sainte-Geneviève. La promenade débute à la tombée du jour, dans l’atmosphère studieuse du Quartier Latin. Depuis le parvis de l’église Saint-Étienne-du-Mont, on aperçoit la bibliothèque d’Henri Labrouste, le grand portique de la Faculté de droit et le lycée Henri IV dans les bâtiments de l’ancienne abbaye. La Sorbonne, le Collège de France et la rue d’Ulm sont à un jet de pierre. Même s’il passe encore quelques bus, la place du Panthéon semble prête à s’endormir… On pourrait descendre vers les cinémas de la rue des Écoles, ou se laisser glisser vers le Luxembourg et le boul’Mich… Mais c’est à la barrière que bat toujours le cœur du quartier : on s’engage donc vers les terrasses de la place de la Contrescarpe, avant de dévaler la rue du Cardinal Lemoine : Paris, nous voici ! À main droite défilent l’hôtel Lebrun, la Faculté de Jussieu, l’Institut du Monde Arabe. Un flot ininterrompu de voitures encombre encore le quai de la Tournelle – plutôt que de nous y frotter, prenons la tangente !
Berges de la Seine. L’hiver, c’est un désert, mais aux beaux jours l’ambiance est très agréable dans ces petites arènes semi-circulaires, au bord de l’eau, où s’improvisent souvent des concerts. On se faufile sous le pont d’Austerlitz, puis sous la Cité de la Mode et du Design – à moins que ? C’est peut-être le bon moment pour y faire escale… En face, défilent les tours de la gare de Lyon. Sacrilège ou trait de génie, la mégastructure du Ministère des Finances enjambe les quais. Les métros se croisent sur le pont de Bercy, indifférents. Suivons-les ! Depuis la rive droite, la vue sur les anciens docks vaut le coup d’œil : imaginée par l’agence Jacob+McFarlane et mise en lumière par Yann Kersalé, leur double peau verte scintille dans la nuit et se reflète dans la Seine. Ce « plug-over » aux formes organiques où sont logés les espaces de circulation rappelle les escalators de Beaubourg…
Bassin de l’Arsenal. On affronte les pavés du port Henri IV pour s’introduire subrepticement dans le port de plaisance de Paris. C’est un havre de paix, bordé par l’ancien mur d’enceinte de la ville. On passe sous la passerelle de Mornay, puis on remonte vers la Bastille. (Attention ! Fermeture du jardin à 22h. S’il est déjà trop tard, rejoignez directement la passerelle depuis le quai de la Rapée.)
Bastille. Rue de la Roquette et rue de Lappe, la fête bat son plein jusque tard dans la nuit. Rue Amelot, l’ambiance est plus calme, mais bien vivante. Cafés et restaurants se succèdent, en contrebas du boulevard Beaumarchais.
Ménilmontant. Alors que se profile le Cirque d’Hiver, on s’engage dans la rue Oberkampf. Au départ, ce sont surtout des commerces, mais à partir de la rue Saint-Maur, les bars prennent le dessus. Au 113, immeuble iconique de Frédéric Borel. Passés les boulevards extérieurs, la montée s’accentue. On franchit la petite ceinture. C’est de plus en plus raide ! Enfin, juste avant d’atteindre la Maroquinerie et la Bellevilloise, on tourne à gauche dans la rue des Cascades pour souffler un peu.
Belleville. À l’angle de la rue Piat et de la rue des Envierges, terrasse et vue panoramique par-dessus la canopée du parc de Belleville. Plus de guinguettes ni de barrières d’octroi par ici, plus de descente de la Courtille ni même de carnaval, depuis longtemps, mais on ne peut retenir une certaine euphorie en dévalant le faubourg du Temple, ni s’empêcher de sentir qu’après une escapade en banlieue, on entre à nouveau dans la Ville.
Grands Boulevards. Sans nous retourner sur les sinistres casernes de la place de la République, on s’élance dans la tranchée du boulevard Saint-Martin. Paysage unique, vraiment parisien. On passe les deux portes triomphales. Le cœur de Paris est là, entre la porte Saint-Denis et la rue de la Lune. On grimpe sur le boulevard de Bonne Nouvelle, où les théâtres de variétés tiennent toujours le haut du pavé. Le phare du Grand Rex annonce le boulevard Poissonnière. Brasseries, cafés, foule à toute heure. Sur la gauche, la sévérité néoclassique des colonnes de l’hôtel de Montholon tente de nous rappeler à l’ordre – peine perdue !
Faubourg Montmartre. C’est l’un des plus beaux faubourgs de Paris : toujours très animé et vraiment dans son jus. Il y a cette courbe magnifique qui trahit le vieux chemin, ces façades de plâtre, ces persiennes blanches, ces vieilles enseignes, cette succession ininterrompue de bouillons, de restaurants et de commerces en tous genres. On hésite même à faire un pas de côté pour aller voir les Folies Bergère ; de toute façon, les écrans gâchent le coup d’œil. Au chevet de Notre-Dame-de-Lorette, on s’engage dans la rue des Martyrs. La plupart des commerces ont tiré leur rideau, mais on sent bien qu’on vient de franchir une frontière. C’est si coquet qu’on est presque surpris d’atteindre les boulevards extérieurs entre Pigalle et Anvers – sans doute l’épicentre de la nuit parisienne.
Montmartre. Après avoir soufflé quelques instants sur le boulevard Marguerite de Rochechouart, on aborde la butte par son flanc est, le plus raide. Plus on s’approche de la rue Lamarck, plus c’est dur. D’autres ont sans doute trouvé un chemin plus facile, parce qu’on n’est pas tout seuls devant le Sacré-Cœur – mais quelle vue ! Le phare du Rex semble déjà loin… On se fraye un passage à travers la place du Tertre, puis on redescend vers la Trinité par le Bateau-Lavoir, la place des Abbesses et la rue Blanche.
Opéra. Malgré la transition par la Nouvelle-Athènes, le changement d’ambiance est saisissant : d’un coup, on est cerné par les limousines et l’industrie du luxe. On s’approche du Palais Garnier pour voir danser le groupe de Carpeaux, scandaleusement vivant parmi la sculpture académique, puis on va chercher la rue de la Paix de l’autre côté du carrefour.
Place Vendôme (Jules Hardouin-Mansart, 1699). Il faut prendre le temps d’en faire le tour une fois ou deux, pour le plaisir de détailler les mimiques des mascarons insolents qui surmontent les arcades du soubassement et pour bien s’imprégner de ce cadre si élégant, majestueux mais plein de vie et de mouvement. Par contraste, le décor néoclassique de la rue de Castiglione et de la rue de Rivoli (Percier et Fontaine, 1802) semble bien sévère – mais il faut dire que la disparition massive des persiennes les a singulièrement dénudées.
Place de la Concorde. Avec les palais de Gabriel, on reprend des couleurs. C’est la grandeur de la colonnade du Louvre, alliée à la gaité du décor : guirlandes de fleurs, draperies, jeux de bossage du soubassement… Jusqu’ici abandonnée à l’automobile, la place s’apprête à retrouver ses fossés et à être rendue aux promeneurs. On a hâte d’y être ! Pour l’heure, on se faufile comme on peut jusqu’aux fabuleuses fontaines de Hittorff, de part et d’autre de l’obélisque.
Champs-Élysées. Au pied de la grande avenue, les chevaux de Marly se cabrent d’impatience. Mais plutôt que de se précipiter sur les pavés, on profite des jardins pour flâner le long des contre-allées, jusqu’au rond-point. Au niveau de la rue Quentin Bauchart, on prend la tangente pour voir l’extraordinaire détournement réalisé par Édouard François pour le Fouquet’s, avec ses façades haussmanniennes moulées en béton et ses percements décalés.
Trocadéro. Viaduc de Passy. Tour Eiffel. On croise encore quelques touristes attardés sur l’esplanade du palais de Chaillot, face à la tour Eiffel qu’on va chercher par le viaduc de Passy. À cette heure, en revanche, les berges de la rive gauche sont désertes une grande partie de l’année. On profite de tant d’espace, tandis que sur la rive droite défilent le Grand Palais, le Cours la Reine et les Tuileries.
Louvre. On émerge au niveau du Musée d’Orsay, juste à temps pour monter sur le pont Royal et passer les nouvelles grilles du jardin du Carrousel, dont on nous promet qu’elles ne visent pas à une fermeture nocturne. Restauré pour les JO, le petit arc de triomphe polychrome brille de tous ses feux. Il est surmonté d’une belle copie des chevaux de Saint-Marc. (Le quadrige original, merveille de l’art hellénistique rapportée de Venise par Napoléon, a été restitué à la Sérénissime en 1815.) En vue de la pyramide, on s’engouffre sous les guichets du Louvre que nos roues ne font guère résonner, mais qui ont toujours quelque chose de magique – surtout tard dans la nuit.
Saint-Germain des Prés. Dans le calme de la rive gauche endormie, les rues des Canettes, Guisarde et Princesse forment un îlot d’animation surprenant, à quelques pas des arcades pastiches du marché Mabillon. Cela dit, la rue de Buci n’est peut-être pas encore couchée…
Les Halles. Par la rue Dauphine et le Pont Neuf, on s’offre un dernier crochet au centre de la ville. C’est là qu’on trouve encore, jusqu’au petit matin, des tables rescapées du marché central comme la Tour de Montlhéry ou le Pied de Cochon pour s’offrir un vrai repas. Par les quais du nord de l’Île de la Cité, on retrouve la Montagne Sainte-Geneviève. La rue Mouffetard est là qui nous tente : et si on allait prendre un dernier verre à la Butte aux Cailles ?
Film : Studio Solide


















Graphisme : Studio Solide